Tiques et chevaux

Tiques et chevaux

Si la morsure de tique n’est pas grave, l’infection de la morsure ou la transmission possible de maladies, comme la pyroplasmose est un réel problème

Du printemps à l’automne, elles attendent, perchées sur les herbes hautes, les broussailles ou les feuilles, à l’affut du moindre animal (ou humain) passant à sa portée pour s’y accrocher et se nourrir de son sang. Pyroplasmose, fièvre hemorragique sont autant de petits « cadeaux » que celles-ci peuvent emporter dans leur bagage lorsqu’arrive pour elles le moment de se sustenter sur le dos de nos compagnons (… ou le nôtre). Petit point sur l’identité, le mode de vie et les moyens de lutte contre cet hôte peu sympathique et définitivement indésirable.

Les tiques sont des parasites hématophages infestant régulièrement les chevaux au pâturage. Elles sont particulièrement fréquentes du printemps à l’automne, mais elles peuvent rester actives en cas d’hiver clément. Si les piqûres de tiques ne sont pas graves en elles-mêmes, le fait qu’elles puissent transmettre un certain nombre de maladies, comme la piroplasmose, l’anaplasmose équine ou encore des fièvres hémorragiques, est bien plus préoccupant. Chaque piqûre de tique constitue un risque important de transmission. Il est donc primordial de minimiser le plus possible tout contact des tiques avec nos équidés.


Généralités

Les tiques sont les plus grands représentants de l’ordre des acariens (3 à 6mm en moyenne, pouvant atteindre 2cm une fois gorgées de sang). Toutes sont des parasites hématophages. On compte à ce jour près de 900 espèces répertoriées à travers le monde (dont 41 en France). Certaines sont exclusivement dépendantes d’une espèce hôte donnée (on parle alors d’espèce monotrope, comme la tique du chien, Rhipicephalus sanguineus), d’autres, à l’opposé, sont plus opportunistes, se nourrissant aussi bien du sang d’oiseaux, reptiles ou mammifères, au gré de leurs rencontres (espèces télotropes, comme Ixodes ricinus). Certaines espèces vivent dans les habitations, les endroits clos, à proximité de l’espèce-hôte dont elles dépendent (tiques endophiles), alors que d’autres vivent à l’extérieur, dans les milieux ouverts, comme les broussailles, les prairies et les sous-bois. Elles sont alors dites exophiles.

Les tiques des chevaux (et autres équidés)

Les tiques que nous rencontrons sur nos équidés ne sont pas spécifiques de l’espèce. En Europe, il s’agit essentiellement de 4 espèces : Dermacentor reticulatus, Dermacentor marginatus, Ixodes ricinus et Rhipicephalus bursa. Ce sont toutes des espèces opportunistes, Ixodes ricinus pouvant parasiter plus de 300 espèces différentes de vertébrés.

Ixodes ricinus est la tique la plus fréquente en France. Les plus fortes populations sont observées dans les régions de climat plutôt frais et humide. Elles sont beaucoup moins fréquentes dans le pourtour méditerranéen ainsi qu’en altitude (au-dessus de 1000m) (Perez-EID, 2007). Dermacentor reticulatus partage le même type d’environnement qu’Ixodes ricinus, c’est-à-dire les milieux frais et humides. Dermacentor marginatus et Rhipicephalus bursa, en revanche, privilégient plutôt les régions chaudes au climat sec, telles que le midi et le sud-ouest de la France.
Contrairement aux puces et aux poux, les tiques sont des parasites transitoires, alternant vie libre dans la nature et vie parasitaire sur leur hôte. Après éclosion des œufs, leur cycle de vie comprend 3 stades de développement successifs : larve, nymphe et adulte. Les 3 stades n’effectuent chacun qu’un seul repas sur leur hôte qu’ils quittent ensuite une fois repu en se laissant tomber pour muer ou pondre sur le sol. Ce repas sanguin, qui dure entre 5 et 10 jours, est indispensable aux larves et aux nymphes pour muer au stade suivant. Si le repas sanguin n’a pas lieu, la tique peut rester au même stade de développement pendant longtemps. Adultes, ce sont surtout les femelles qui vont se nourrir sur leur hôte. Après avoir été fécondées, au sol ou sur leur hôte, la femelle se gorge une dernière fois de sang (jusqu’à 200 fois son poids !) avant de retourner dans la nature pondre plusieurs milliers œufs puis mourir. Les mâles meurent le plus souvent après la fécondation.

Entre deux repas, elles chassent à l’affut, perchées sur des herbes, des broussailles ou des feuilles, attendant patiemment qu’un hôte potentiel, quel qu’il soit, passe à sa portée. La tique ne voit pas (elle n’a pas d’yeux) : elle repère son hôte grâce aux récepteurs sensoriels (organe de Haller) qu’elle possède sur ses pattes antérieures. Elle perçoit la chaleur et les odeurs émises par l’hôte (dioxyde de carbone, ammoniaque) ainsi que les vibrations du sol lors des déplacements de ce dernier. La tique ne saute pas : elle s’accroche en une fraction de seconde à la peau ou au pelage à l’aide de griffes dès que l’hôte frôle la plante qui la porte.

Tique et chevaux-animaderm

A chaque stade correspond une zone de chasse particulière : les larves chassent près du sol (entre 0 et 15cm de hauteur), à proximité de leur lieu d’éclosion, où l’humidité est plus importante (litière végétale). Elles infestent surtout les rongeurs et petits animaux (lézards, oiseaux), mais peuvent infester occasionnellement de plus gros mammifères si ceux-ci passent à leur portée. D’une taille inférieur au mm, elles sont très difficilement visibles à l’œil nu. Les nymphes ont un périmètre de chasse plus étendu, profitant de leur premier hôte comme moyen de transport. Perchées sur la végétation à moins de 50cm de hauteur, on les trouve ainsi fréquemment chez les chevaux, au niveau du nez, de l’auge, du chanfrein et des membres, prenant l’aspect d’une tête d’épingle noire et sphérique de 1 à 2 mm une fois gorgée de sang. Les adultes, d’une taille de 5 mm à jeun, peuvent être détectées assez facilement, mais le sont le plus souvent lorsqu’elles sont déjà gorgées de sang. Perchées jusqu’à une hauteur d’1m50, on les retrouve le plus souvent sur la tête, le poitrail, l’encolure, les ars, l’entre-cuisse et les parties génitales.

Activité des Tiques :

Quelques soit leur stade de développement, l’activité des tiques est maximale lorsque les températures extérieures sont comprises entre 5 et 25°C : le printemps et l’automne sont donc des saisons particulièrement favorables aux attaques de tiques. En deçà et au-dessus de ces températures, leur activité diminue, jusqu’à devenir complètement léthargiques dans les conditions plus extrêmes (températures négatives ou supérieures à 35°C, ou encore en cas de sécheresse). Réfugiées dans le sol, sous des feuilles ou bois mort, les tiques peuvent ainsi patienter longtemps le retour de conditions plus clémentes. Les tiques sont très résistantes et peuvent vivre très longtemps (plusieurs années), en situation de jeune, ou si les conditions extérieures ne sont pas réunies. Dès que les températures remontent à 5-7°C l’activité de la tique reprend. On peut donc trouver des tiques à chacun des stades tout au long de l’année, notamment en cas d’hiver clément ou d’été humide. Le cycle de vie d’une tique peut ainsi varier de quelques mois à une dizaine d’année, en fonction de conditions climatiques et de la disposition d’hôtes.

La piqûre/morsure – système d’alimentation :

Une fois sur son hôte, les tiques se déplacent à la recherche d’un endroit où la peau est particulièrement fine, humide et vascularisées. Grâce à leurs chélicères (pièces buccales coupantes), elles incisent la peau et y introduisent leur rostre plus ou moins profondément pour y aspirer le sang libéré par les vaisseaux sanguins rompus. Dans le même temps, leurs glandes salivaires sécrètent de nombreuses substances facilitant leur repas : anticoagulants, substances vasodilatatrices et enzymes qui vont liquéfier les tissus au niveau de la plaie. La piqûre est indolore, la tique injectant également une substance analgésique.  Au cours du repas, elle va régurgiter régulièrement du surplus liquidien. C’est à ce moment que la tique risque de transmettre à son hôte des agents pathogènes si elle est infectée, et ce, quel que soit son stade de développement. 


Les tiques, vectrices de maladies

Les tiques peuvent en effet transmettre toutes sortes d’agents infectieux : virus (encéphalite infectieuse équine, fièvre hémorragique), bactéries (borrelia, responsable de ma borréliose de lyme), vers (filaires), ou les fameuses babésies, parasites des globules rouges responsables de la piroplasmose.
Les tiques se contaminent essentiellement au cours de leurs repas sanguins sur des hôtes infectés. Le risque de contamination est ainsi plus grand à mesure que la tique grandit et se nourrit sur des hôtes différents. Mais les femelles contaminées peuvent également transmettre leurs agents pathogènes directement à la génération suivante lors de l’élaboration de ses oeufs. Les larves, bien que n’ayant jamais mordu d’hôte infecté, peuvent donc aussi avoir une responsabilité dans la transmission et la propagation des maladies. Le passage des agents infectieux peut aussi se faire du mâle vers la femelle lors de l’accouplement.

D’autre part, les tiques sont très fréquemment co-infectées par plusieurs pathogènes à la fois, et peuvent par conséquent les transmettre à leur hôte lors d’une seule et même morsure, compliquant alors le diagnostic.

Ainsi, les pathogènes les plus fréquents transmis par les tiques infestant les équidés sont :

  • Babesia caballi : protozoaire responsable de la piroplasmose à B. Caballi – vecteurs : Dermacentor reticulatus- Dermacentor marginatus
  • Babesia equi (anciennement Theleria equi) : responsable de la piroplasmose à B. equi – vecteurs : Dermacentor marginatus.

En France, la piroplasmose est présente essentiellement dans le sud du pays, mais aussi dans les vallées du Rhône et de la Saône, en Pays de Loire et en Normandie. Les chevaux nés et vivant dans une région infestée développent une certaine immunité vis-à-vis de la piroplasmose et présentent rarement la forme aiguë de la maladie. Si les « malades chroniques » présentent quelques symptômes discrets (légère anémie, fatigue, perte de poids et d’appétit ou diminution des performances), les « porteurs sains » supportent parfaitement la présence des parasites. Ces chevaux peuvent conserver le parasite dans leur sang ou dans les organes profonds (la rate en particulier) pendant très longtemps et sont infectants pour les tiques vectrices.

Les chevaux subitement transportés d’une région indemne à une région infestée sont très sensibles à l’infection et développent la maladie sous une forme aiguë. Les symptômes sont graves mais non spécifiques : fièvre (très marquée au début, pouvant dépasser 40°C), anémie due à la destruction des globules rouges, urines foncées dues à l’élimination des pigments biliaires (secondaire à l’hémolyse), jaunisse, oedèmes des membres, abattement et fatigabilité. La forme aiguë est parfois mortelle, surtout chez les chevaux âgés ou insuffisants cardiaques, si aucun traitement n’est mis en place. Les chevaux, lorsqu’ils guérissent, restent souvent porteurs chroniques du parasite (surtout avec T. equi) pendant plusieurs années et peuvent re-développer une nouvelle forme aiguë, à l’occasion d’une baisse de leurs défenses immunitaires (stress ou traitement ayant un effet immunodépresseur).

  • Borrelia bugdorferi : bactérie responsable de la Borréliose ( ou maladie de Lyme) - vecteur : Ixodes ricinus
  • En France, même si l’Est et le Centre sont les régions les plus touchées, on a constaté des tiques infectées sur tout le territoire.
  • Anaplasma phagocytophilum : bactérie responsable de l’anaplasmose granulocytaire équine (anciennement erhlichiose équine) - vecteurs : Ixodes ricinus- Dermacentor marginatus- Rhipicephalus bursa
  • Virus de l’encephalite infectieuse équine : Maladie présente en Europe de l’est, cas sporadiques dans l’est de la France - vecteur : Ixodes Ricinus

La piroplasmose est une maladie qui ressemble beaucoup au paludisme de l'homme. Elle est transmise par les tiques qui injectent aux chevaux le microbe responsable, la "Babesia". Ce parasite unicellulaire pénètre alors dans les globules rouges du sang des chevaux et les détruit.Toutefois, comme pour le paludisme chez l'homme, tous les chevaux contaminés par la piroplasmose ne sont pas forcément malades. Certains chevaux sont fortement atteints : ils auront de la fièvre, des urines très foncées, des oedèmes aux membres et peuvent parfois en mourir s'ils ne sont pas soignés à temps. D'autres, au contraire, manifesteront une forme atypique de la maladie. D'autres, enfin, ne seront pas malades du tout. Certains chevaux conservent donc fort longtemps les microbes de la piroplasmose dans leur sang. ils sont "malade chronique" s'ils ont quelques symptômes, comme une légère anémie, ou porteur sain", s'ils sont en pleine forme.

Les morsures de tiques peuvent parfois être causes d'urticaire ou de choc allergique.

Moyens de lutte et de prévention : Mieux vaut prévenir que guérir

La meilleure façon de prévenir les maladies portées par la tique est d'éviter la morsure : Les premières heures (en particulier les 24 premières) sont en effet décisives dans la transmission des agents pathogènes, souvent bien avant que les tiques soient repérées une fois gorgées de sang.

  • Une des premières choses à faire est de supprimer du pré les broussailles, herbes hautes et arbustes, ainsi que la végétation basse en bordure de bois ou forêt (branches basses de feuillus, fougères, buissons..).
  • L’application d’une pommade grasse et filmogène peut consister une première barrière efficace, surtout pour les nymphes et les larves, peu visibles. Elle permettra de limiter l’accrochage des tiques et leur déplacement sur la peau et les poils, et asphyxiera les larves. Appliquer la crème sur les zones sensibles à peau fine, la tête et les membres. 
  • L’application d’un acaricide, tel les pyréthroïdes ou les organophosphorés, sur la peau du cheval peut constituer une solution de prévention efficace, mais de courte durée (2 à 3 jours). En effet, D’autre part, peu de produits possèdent une autorisation de mise sur le marché pour l’élimination des tiques sur les chevaux en France Mais l’utilisation de substances insecticides dans le milieu extérieur n’est pas souhaitable : elle pose en effet des problèmes de pollution de l’environnement, de déséquilibre des écosystèmes et de résistance. Les substances actives acaricides ont en effet un large spectre d’action contre les animaux à sang froid (insectes, reptiles et organismes aquatiques).
  • Si malheureusement votre cheval est l'hôte d'une tique, veillez à l'enlever à l'aide d'une pince à tique. C'est actuellement le moyen le plus sûr pour ôter le parasite sans dégât pour l'animal, car autrement, la tête de la tique peut rester plantée dans la peau.

pince a tique animaderm

Reférences : 
Le Metayer. Séroprévalence des piroplasmoses équines en France entre 1997 et 2005. Thèse 2007
Moulin E. Tiques potentiellement vectrices de l’anaplasmose granulocytaire équine en Camargue. Thèse de l’université Claude Bernard Lyon 1. 2009.

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