La guerre des insectes
Insectes : Il n'est pas logique de lutter contre un fléau en lui laissant toutes les conditions pour se développer.
A chaque fois, on essaye tout, pensant qu'on a enfin la solution et puis non. Retour à la case départ. Les insectes sont de plus en plus virulents, de nouveaux apparaissent et d'une année sur l'autre, ça s'accentue et nos chevaux résistent de moins en moins bien. Alors, que faisons nous de mal ? qu'oublions nous ?
En fait, nous ne connaissons pas les insectes. Nous sommes obnubilés par leur éradication et à chaque fois, nous perdons la bataille. Notre méconnaissance ou connaissance erronée de leur fonctionnement nous emmène à l'opposé de ce que nous voulons obtenir.
L'éthologie nous apprend à améliorer notre relationnel avec le cheval et à agir plus "naturellement". Mais l'éthologie est avant tout l'observation du comportement et le lieu d'expression de ce comportement (lieu de vie du cheval) doit être également intégré.
Il n'est pas logique de vouloir lutter contre un fléau en lui laissant toutes les conditions pour se développer.
La nature n'aime pas le vide
Chasser une espèce commune et inoffensive par des insecticides, des produis chimiques ou des désinfections massives de l'habitat libère l'espace de vie pour des espèces plus résistantes et donc plus agressives. Les grosses mouches à crottin ont quasiment disparues... Regardez les prairies de nos chevaux : les herbes consommées ont tendance à disparaitre au profit d'herbes qu'ils ne mangent pas. C'est ce principe d'absence de vide que la nature applique en permanence. On appelle cela l'intelligence végétale dans ce cas et elle s'applique à l'ensemble du vivant.
Les insectes se reproduisent dans les zones humides
Tout le monde le sait. C'est pourquoi nous craignons naturellement les lacs, étangs et sous bois. Mais les zones humides ne sont pas seulement celles-là. Toutes les zones de boue, de crottins, de fumier sont également des zones humides, extrêmement favorables à la ponte des insectes.
Les insectes détestent le vent
Les zones bien ventilées sont évitées par la majorité des insectes, plus ils sont petits, plus ils les craignent. A l'inverse, les zones sans aucun vent sont propices à leur vol et donc à leurs balais incessants.
Certains insectes sont de vrais alliés
Abeilles, sauterelles, grosses mouches, araignées etc. sont des insectes qui ont tous leur place dans nos écuries et nos prairies. Et pour cause, polénisateurs pour certains, alimentation pour les oiseaux pour d'autres, ils sont les plus enclin à faire revenir les oiseaux dans le périmètres ou a végétaliser notre environnement. Plus cette population est nombreuse, moins les dits "nuisibles" sont présents.
Tous les insectes ont une raison d'être
Les insectes sont nécessaires à l’écosystème. Ils sont un tout et entrent notamment dans le processus de la stabilité de la chaîne alimentaire : insectes - oiseaux etc… Éliminer les insectes c’est comme vouloir tuer tous les oiseaux existants, et affamer les oiseaux, c'est laisser les insectes proliférer. Tuer les moustiques, c’est étouffer les marais et briser l'équilibre qu’ils apportent (vous venez d'apprendre l'intérêt des moustiques!).
Vous l'aurez compris, nous avons besoin d'eux. Mais pas de tous ! Alors comment procéder ?
Voici quelques règles qui vous sembleront évidentes (ou fastidieuses!) mais qui sont stratégiques et permettront de diminuer de façon notable la présence d'insectes que nos chevaux craignent. Certes, elles imposent de remonter un peu nos manches mais pas toujours.
1 : FAITES LA GUERRE AU FUMIER l (la règle la plus importante) :
Les insectes sont attirés par les zones humides comme les flaques, les étangs, mais surtout le fumier, les crottins (y compris dans les prairies), la boue et les zones souillées (box compris). Donc toutes ces zones de vie doivent être nettoyées quotidiennement (et sans pesticide). Oubliez le "gâteau" qui est une aberration et préférez les dalles plus économiques à terme. Recouvrez la boue et les flaques et surtout ELOIGNEZ votre fumier le plus loin possible ou au pire, placez le dans une zone TRÈS ventilée.
2 : FAVORISER CERTAINES ESPÈCES :
Les insectes adorent les territoires vierges. Eradiquer une espèce en amène une nouvelle, plus résistante. Il faut donc accepter la présence de celles qui sont quasi inoffensives pour nos chevaux (comme les grosses mouches vertes, araignées ou les abeilles) car elle serviront de barrière contre les autres. Il est donc impératif de supprimer les insecticides ou autres produits d'entretien chimiques, car s'ils détruisent les nuisibles, ils éloignent les "bons" insectes.
3 : ATTIREZ LES OISEAUX (ET PAPILLONS)
Les oiseaux mangent les insectes, c'est connu. Mais leur présence suffit également à dissuader certaines colonies d'insectes (pas de vide, encore !). C'est toujours une guerre de territoire. Alors, aidez-les à investir les lieux. Mangeoires, perchoirs, nids d'hirondelles à placer sous les toits, mais aussi des zones pour s'abreuver, plantez des haies, des arbres fruitiers.... Internet regorge de bonnes idées, profitez-en.
Mais qui dit oiseaux, dit absence de chat. Oui, ils servent à lutter contre les mulots et souris mais ils éloignent surtout les oiseaux et donc empêchent ces derniers de nous venir en aide. Optez plutôt pour certaines plantes (encore!) qui éloignent les rongeurs et si possible militez pour la protection du renard (rangez vos poules) qui aura également un effet radical sur les populations de tiques.
4 : PLANTEZ !
Beaucoup de plantes sont connues pour être répulsives. Elles aideront aussi à recréer de la biodiversité et donc à attirer les oiseaux. Il est donc dommage de s'en priver. Veillez à choisir des plantes simples (lavande, sarriette...) et non dangereuses pour les chevaux.
5 : EVITEZ SURTOUT :
- L'utilisation d'insecticide (détruisent l'écosystème et donc le cycle des prédateurs/insectes...)
- les produits chimiques en tout genre (même combat)
- les stagnation de boue, de fumiers proches des zones de vie (berceaux de naissance des insectes)
- les sous bois non ventilés (laisser l'accès aux chevaux dans les sous bois qui sont en courant d'air)
6 : PROTÉGEZ AVEC INTELLIGENCE
- Préférez les protection mécaniques (sans conséquence pour l'environnement) tels que masques ou couverture. Notez quand même que si le lieu de vie n'est pas assaini, c'est une démarche vaine à moyen et long terme.
- Optez pour des produits sains et durables sans action insectifuge et sans conséquence sur les insectes bénéfiques
- la question de l'ail est toujours une interrogation scientifique : rien n'est prouvé encore aujourd'hui sur ses bienfaits. Par contre, ses méfaits sont clairement énoncés (voir notre article)
7 : OUBLIEZ LE "ON A TOUJOURS FAIT COMME ÇA"
Parce que "ça" c'était avant ! quand l'environnement était plus clément, les prairies moins endommagées et l'alimentation plus saine.
Avoir un cheval implique une grosse responsabilité mais aussi une connaissance de l'environnement adéquat. Dans beaucoup de lieux de vie, ils sont pris au piège dans un environnement de moins en moins adapté. La lutte pour un lieu de vie meilleur passe par cette prise de conscience de ses besoins fondamentaux. Pendant des décennies, ces problèmes parasitaires ne se posaient pas en ces termes car les chevaux bénéficiaient d'un environnement beaucoup moins hostile qu'aujourd'hui.
Bien sûr si votre cheval est pensionnaire d'une écurie, ces changements ne sont pas de votre ressort. Mais transmettre ces informations au gestionnaire permet de le sensibiliser et peut être de le convaincre à modifier, avec votre aide, certaines choses. Tous les chevaux seront gagnants, et les cadres de vie et de pratique de l'équitation n'en seront que plus agréable.